lundi 30 avril 2012

Projection sauvage N°007 - mardi 01 mai 21h - Montpellier




Avec l'aimable autorisation de la production Les Mutins de Pangée.

Un film d'Olivier Azam - 2011 - 1h20 - Documentaire -
Produit par Les Mutins de Pangée et édité avec le soutien des souscripteurs.
Co-distribué au cinéma par Les Films des deux rives.
Site officiel du film ICI


Olivier Azam - 2011 - 1h20 - Documentaire


OlivierAzam est un des fondateurs des Mutins de Pangée, une coopérative audiovisuelle agissant dans la plus totale indépendance.
Il a travaillé à de nombreuses reprises pour la télévision en tant que réalisateur, monteur ou producteur. Il a été également assistant réalisateur pour des longs-métrages de fiction comme LeBattement d'ailes du papillon (2000) ou QuartierV.I.P. (2005). En 2008 sort en salles Chomsky& Compagnie, le documentaire engagé qu'il a co-réalisé avec DanielMermet. Le film est consacré au penseur américain Noam Chomsky.

En 2011, le cinéaste revient avec Grandpuits& petites victoires un documentaire sur le mouvement social qui a agité la France lors de la réforme des retraites en 2010 et médiatisé les grévistes de la raffinerie de Grandpuits en Seine et Marne.


Les Mutins de Pangée :
Les Mutins de Pangée » est une coopérative audiovisuelle et cinématographique de production, de distribution et d’édition de DVD.
Les membres de la coopérative - réalisateurs, producteurs, reporters, techniciens, programmateurs – s’appuient sur leurs expériences communes acquises au sein de la « télévision libre » Zalea TV (1999-2007). Cette association œuvrait pour un plus grand pluralisme des médias à travers la création et la diffusion de programmes dits du « tiers secteurs audiovisuels ».Véritable laboratoire expérimental, l’action de Zalea TV a favorisé la légalisation et le développement des télévisions associatives au sein du paysage audiovisuel français.
Pour préserver son indépendance éditoriale, Les Mutins de Pangée développent des formes alternatives de production telles que la souscription. La participation de plusieurs milliers de « souscripteurs modestes et généreux » (SMG) a ainsi permis de financer une grande partie de Chomsky & Cie et de sa diffusion au cinéma... Ainsi que du deuxième tournage pour répondre aux questions des spectateurs et qui a donné lieu à Chomsky & le pouvoir.


Les Films des deux rives :

La S.A.R.L. Les Films des Deux Rives est une société française de distribution de films des pays de la méditerranée.

Fiche technique:
Durée : 1H20 (version pour le cinéma) Genre : Documentaire
Formats : Projections numériques DCP, Bluray, DVD
Langues : Français. Disponible aussi avec sous-titres : Espagnol, _ Anglais, Portugais, Italien, Turc, Allemand.
Production : Les Mutins de Pangée (et édité grâce aux souscripteurs dit "SMG")
Distribution cinéma : Les films des deux rives (en co-distribution avec Les Mutins de Pangée). En partenariat avec Agone éditions.

Mode de production et de distribution :
Ce film sur la grande grève d’octobre 2010 a été produit en toute indépendance. Il n’a pas été commandé, ni par la télévision ni par personne d’autre ! Il n’a pas bénéficié d’aide après réalisation ni à la distribution. Il n’a bénéficié d’aucune des aides publiques habituellement nécessaires pour sortir un film au cinéma. Malgré les refus systématiques, ce film a été cependant possible grâce à l’économie solidaire et sociale : La souscription dvd, la coopération et le volontariat. Son équilibre financier dépendra uniquement de son éventuel succès dans les salles.

L’équipe du film :
Image et son : Olivier Azam
Assistante réalisation et documentation : Laure Guillot
Montage : Olivier Azam et Jean-François Gallotte
Chauffeur-pilote d’automobile : Nico G. Ignatius
Chargé de production : Thomas Tertois
Musique originale : Vincent Ferrand
Avec la contribution guitaristique de Hervé Krief.
Affiche : Bouchex / Photo Aalek.

Les "acteurs" du film :
Fabrice Hiron « Fabrizzio », Rodolphe Avice « Roro », Alexandre Colas « Sanders », Laurent Montels « Lolo le teigneux », Franck Robert « Grandasse », Pierre Arrieumerlou « Péillo », Caroline Hautefeuille « K-ro », Christian Borrelly « Cricri », Patrick Nerdig « Patrikess », Guillaume Neyret « Guigui », Laurent Lelong « Lolo », Cédrik Franco « Feurbi », Franck Manchon « Bidochon », Joël Le-Balh « Jojo », Mohamed Thouis « Momo », Laurent Gaston-Carrère « Papi », Noël Menard « Nono », Christophe Gibert « Tof », Charles Foulard « Charly », Patrick Bernardo « Pedro », Alain Acard, Guillaume Larivière Marie Saunier, Thierry Saunier ...
... et toutes celles et ceux que nous avons rencontré dans la rue et sur le piquet de grève.


Olivier Azam : "Un outil de reflexion sur les luttes syndicales"
Publié dans Paris-Normandie le jeudi 26 janvier 2012

- Comment est né le projet "Grand Puits et petites victoires " ?

"C’est un film tourné dans l’action. Le genre de cinéma qu’on ne peut pas faire en déposant un dossier à l’avance ni avec une chaîne de télévision comme la plupart des documentaires habituellement. Je travaillais sur notre prochain film ("Howard Zinn, une histoire populaire américaine", en cours de production avec Daniel Mermet) quand les grèves contre la "réforme" des retraites ont éclatées. Et il y eu le blocage des raffineries. Notre coopérative de production Les Mutins de Pangée est basée à Paris. On est allé au plus près, spontanément, sur le piquet de grève de Grandpuits en Seine et Marne. D’abord pour aller voir de nos propres yeux une grève qui commençait à prendre de l’ampleur. N’oublions pas que c’était la première fois depuis Mai 68 que le pays était bloqué par le carburant et que la caisse de grève de Grandpuits fut certainement la plus importante de l’Histoire syndicale, au moins depuis 1906 (Grève des mineurs de Courrière). Tout ça a été minimisé par les médias mais nous avions senti qu’il se passait quelque chose d’important. Nous avons tourné des séquences que nous avons diffusées au jour le jour, en épisodes, sur notre site Internet. Ce n’est qu’avec le recul que j’ai commencé à envisager un film documentaire, écris après tournage, très documenté et financé par souscription. "

- Vous sortez dans ce film d’un strict cadre militant.

"Pas vraiment, le film est sorti de façon très classique au cinéma depuis octobre en avant premières dans les salles puis en sortie nationale le 23 novembre 2011, avec le distributeur Les Films des Deux Rives, un Visa CNC, etc... Mais c’est vrai que nous n’avons reçu strictement aucune aide publique accordées généralement pour le cinéma... Sous prétexte que le film "’n’ouvrait pas au débat " selon la commission du CNC. Cependant, nous sommes déjà à une quarantaine de débats en France, en Belgique et obligés à chaque fois d’interrompre le débat avec 1H30 afin de libérer la salle... Et c’est loin d’être terminé. On a du mal à répondre à toutes les demandes d’accompagnement et on fait des milliers de kilomètres. Les militants s’en sont désormais emparé, comme outil de réflexion sur les luttes syndicales... tant mieux !"  

Vous travaillez davantage sur l’humain, sur ses mutations, ses évolutions

" Oui. Il me semble que mon approche plus humaine que celle d’un JRI contraint par le format TV parce que je prends le temps, ce qui est désormais devenu un luxe. Je suis resté quand les journalistes étaient partis, j’ai tissé des relations avec les protagonistes qui sont, pour la plupart, devenus par la suite des copains. Désormais, ils accompagnent le film avec moi, les rencontres et les débats sont extraordinaires et débouchent sur des situations inattendues. Par exemple, certains grévistes de Grandpuits sont venus en Belgique pour rencontrer les syndicalistes qui avaient bloqués les camions en solidarité à leur grève et ils vont y retourner le 30 janvier pour les soutenir à leur tour dans leur grève. Tout ça, sans passer par la bureaucratie des grosses organisations. Ce que je vis depuis le premier plan tourné est une expérience que je souhaite à tout cinéaste qui souhaite faire autre chose que d’obéir à des commandes ou aux exigences parfois absurdes des codes de la profession. Par ailleurs, la mise en perspective historique de luttes d’aujourd’hui, la transmission de notre propre Histoire populaire, souvent oubliée, est une priorité dans mon travail depuis quelques années. Ce film s’inscrit dans cette Histoire commune et il est assez symptomatique qu’il n’y ait pas d’autre film qui ait été montré en salle et à la télévision sur cette grande grève d’octobre 2010. D’abord, parce qu’il est quasi impossible de produire un tel film dans le système actuel (on arrive à le faire grâce à nos souscripteurs et à notre organisation coopérative) et très difficile de le diffuser comme les autres (quasi boycott de la presse cinéma, de la télévision, des quotidiens, etc... Et parfois même de certaines de salles de cinémas qui ont peur des représailles politiques locales)"

- Localement, la raffinerie Petroplus (Petit-Couronne - Rouen) est à vendre. Quel est votre sentiment ?

"Je ne suis pas un spécialiste mais de ce que j’ai compris en montant le film, les raffineries françaises ne dégageraient pas assez de bénéfices pour satisfaire les appétits gargantuesques des actionnaires. Petroplus était plus fragile que Total... Mais Total, avec des records de profit (entre 10 et 13 milliards depuis des années), ne fait pas de bénéfice en France et arrive à ne pas y payer d’impôt. C’est un scandale. Comme il n’y a pas de limites à cette recherche de profit privé et irresponsable ; ils préfèrent aussi délocaliser le raffinage en Arabie Saoudite par exemple, verser leurs impôts à une dictature, prendre le risque d’une instabilité de la région qui pourrait être désastreuse pour la France dans l’avenir si on ne dépend que de ce raffinage... Et bien sûr, dans cette course pathologique au profit, la question de l’humain, de l’avenir des salariés, est une variable méprisée. Ça fait beaucoup de dégâts partout. Il faut reprendre la main avant qu’il ne soit trop tard."

- Votre film peut-il aider les salariés de Petroplus à appréhender leur avenir incertain

"Je n’ai pas la prétention de croire qu’un film peut changer quelque chose. S’il peut donner à réfléchir un peu, débattre, c’est déjà pas mal. Depuis le début de nos tournées, les retours sont très encourageants et souvent plein d’émotion aussi. Beaucoup de gens nous disent retrouver du baume au coeur en sortant et avoir envie de repartir en lutte. C’est gens là, ce sont ceux qui savent que rien ne s’obtient jamais autrement qu’en se mettant en mouvement collectivement. Mais au delà de cette évidence, le film dégage un sentiment plus rare dans ce type de cinéma, c’est la joie et le plaisir que véhiculent ces jeunes grévistes de Grandpuits. C’est une nouvelle génération de syndicalistes. Leur grève a certainement était une étape de transition vers une nouvelle façon d’aborder le syndicalisme dans la période à venir. Les débats dans les salles sont très riches d’échanges d’expériences et d’idées nouvelles."

- Imaginez-vous réaliser un film qui ne soit pas ancré dans le social ?

"Peut être, si tout va mieux dans les mois à venir, je ferai des films sur les arbres, les oiseaux, les insectes... Mais même là, il est difficile de ne pas traiter de "social" dès qu’il y a de la vie... Pour l’instant, mes films sont toujours le fruit de rencontre et d’aventures assez fortes pour me motiver à les porter jusqu’au bout, malgré tout. Après avoir du mettre nos ambitions originelles de côté dans un contexte économique culturel très verrouillé, resurgit chez les Mutins de Pangée l’envie de nous attaquer au cinéma de fiction. Mais ça nécessite plus de moyens. Nous y travaillons."
Propos recueillis par Benoit Vochelet

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